Le 4 octobre 1900, le bureau du Congrès Dentaire International se réunit sous la présidence de Charles Godon.
Lors de cette séance extraordinaire, Godon explique aux membres du bureau, que le gouvernement de la République qui a bien voulu reconnaître officiellement le Congrès Dentaire International, a réservé à cette occasion un certain nombre de récompenses officielles.
Ordre du jour
Au nom de ses 1200 adhérents, le Bureau remercie les différents collaborateurs qui ont aidé à mener à bien l’œuvre du Congrès et particulièrement George Viau qui a énormément œuvré pour la création de ce dernier.
C’est donc tout naturellement que le bureau du Congrès, par une lettre officielle rédigée par Charles Godon, demande au gouvernement de bien vouloir attribuer la Croix de la légion d’honneur à George Viau.
Charles Godon et George Viau sont de vieux amis qui se connaissent depuis leurs études au lycée Charlemagne et qui ont surtout créé ensemble la première École Dentaire de Paris en 1880.
Peu de temps après (fin 1900), George Viau fait une déclaration dans les locaux de la société d’Odontologie à propos de sa remise de Légion d’Honneur.
Mes chers confrères,
Lorsque vous m’avez fait le grand honneur de me nommer président de votre Association, je considérais que vous ne pouviez me donner une plus grande marque de confiance ; mais vous saviez que vous pourriez compter sur mon entier dévouement à la cause commune que nous défendons solidairement depuis plus de vingt ans.
Ainsi que vient de nous le dire mon ami de Marion, notre dévoué secrétaire général, votre bureau croit avoir fait tout son devoir pour servir les intérêts de notre société. Je pense que nous pouvons tous être satisfaits du succès sans précédent de notre grand Congrès ; auquel, on peut le dire, tous nos membres ont apporté une contribution et un zèle efficaces. (En 1900, les différentes branches du groupement professionnel de l’École Dentaire de Paris obtiennent à l’Exposition universelle trois médailles d’argent et une médaille de bronze et ses membres prennent la plus grande part à l’organisation et aux travaux du 3ème Congrès dentaire international qui réunit à Paris plus de 1200 dentiste de tous les pays du monde).
L’École et le journal L’Odontologie ont eu le rôle prépondérant, cela est certain, mais vous considérez justement que c’est de l’Association que sont nés les divers groupements qui travaillent activement à rendre chaque jour notre profession plus importante et plus considérée.
Permettez-moi de vous dire que je vous serai toujours reconnaissant d’avoir bien voulu me désigner aux pouvoirs publics pour la distinction qui m’a été accordée : votre bureau a tenu en effet à appuyer la demande qui avait été faite par le Comité d’organisation du Congrès international. Si je suis l’heureux favorisé d’une telle récompense (légion d’honneur), je veux que vous soyez persuadés que je n’aurai jamais la vanité de croire à mon mérite personnel, car il est de toute évidence que c’est l’un des présidents de l’Association générale des dentistes de France qui a été décoré en ma personne. Ainsi que je disais dernièrement à tous mes amis réunis pour m’offrir une fête et un souvenir inoubliable, je sais qu’un grand nombre d’entre vous possèdent des titres plus que suffisants à la même distinction, et je crois fermement qu’après mon cher et éminent ami Charles Godon, mon nom sur la liste des légionnaires sera suivi de bien d’autres, que nous acclamerons à la satisfaction de tous.
Merci encore, mes chers confrères, et comptez toujours sur mon dévouement.
C’est Olivier Sainsère, Conseiller d’État et grand ami de Poincaré qui va remettre la décoration à son ami George Viau. Les deux hommes ont en commun d’être de grands collectionneurs d’art.

George Viau est fait Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 11 novembre 1900.
Le départ de la décoration a lieu le 29 janvier 1901 et celui du brevet , le 19 mars 1901. .
La grande Chancellerie lui fait parvenir sa décoration le 2 février 1901 et son brevet le 20 mars 1901.
Sur les papiers divers du dossier, George Viau fait remarquer que son prénom de prend pas de S ! Il tenait absolument à ce détail… comme George Sand.
