George Viau et l’Art d’Extrême-Orient
Si l’art asiatique est connu en Europe depuis le XVIIIème siècle, c’est Henri Cernuschi qui va réellement lancer la mode en France. Ce passionné qui a fait le tour du monde avec le critique d’art Théodore Duret, de 1871 à fin 1872, a ramené de son périple plus de 5000 objets, principalement des bronzes chinois et japonais. Il présente sa collection dans l’hôtel particulier qu’il a fait bâtir, en 1875, au 7 avenue Vélasquez à l’angle du Parc Monceau.
Louis-Edmond Duranty, le critique d’art s’extasie dans un numéro de « la Vie moderne » en 1880 :
« Et l’on arrive au temple, un véritable temple, une immense nef, flanquée de galeries boisées sur lesquelles s’enfoncent des chapelles latérales ou des couloirs qui enveloppent le vaisseau. À la place où dans les temples grecs s’élevait la statue des dieux, se dresse sur une base gigantesque le Bouddha géant de Megouro, qui donne des pichenettes sacrées. Tout autour de lui sont rangés par gradins, par étages, et libres ou emprisonnés sous des vitrines, les bronzes sonores, vases, figurines, statues et statuettes, lanternes, animaux, guerriers, divinités, pots, vasques, théières, vases honorifiques, ex-votos, un monde, une collection unique, d’autant plus incomparable qu’il n’en existe aucune autre de ce genre. »
George Viau, qui a admiré la collection Cernuschi (devenue Musée en 1898) à plusieurs reprises, ne reste pas indifférent face à ces œuvres venues du bout du monde. Il acquiert progressivement des objets qu’il expose dans quelques vitrines de son appartement.
À partir du début du siècle, il s’intéresse de plus en plus à l’Art oriental.
Dans la revue « l’Amour de l’Art » de 1925, Henri D’Ardenne de Tizac, éminent spécialiste de l’art oriental et qui a signé plusieurs catalogues d’exposition au Musée Cernuschi, parle de sa rencontre avec Viau :
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Debout à gauche, un stagiaire. Assis de gauche à droite : Zographos, opérateur, Marie Gibault, la secrétaire indispensable et Charles Viau, prothésiste, neveu de George Viau. Dans les vitrines et sur la cheminée, beaucoup d’objets asiatiques sont exposés.
Donations au Musée Cernuschi à Paris
Vers 1926, Viau décide de léguer un certain nombre d’objets de sa collection au Musée Cernuschi dont les collections exposées l’avait subjugué.
Sept petites merveilles vont ainsi enrichir le Musée.
- Un couvercle chinois de l’époque Han (206 av J.C – 220 Ap J.C)
- Un vase pour réchauffer l’alcool (époque Han)
- Une partie inférieure d’un vase à réchauffer l’alcool (époque Han)
- Un vase Hu (époque Han)

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Donations au Petit-Palais de Paris
George Viau donne deux estampes de sa collection au Petit Palais.
La première est un portrait d’Eugène Delacroix signé Charles-Edme Saint-Marcel-Cabin qui fut l’élève puis collaborateur de Delacroix. Une œuvre gravée par Alfred Prunaire, graveur réputé et ami de Delacroix.
La seconde estampe donnée par Viau est un portrait de George Sand signé Thomas Couture, peintre connu pour ses représentations historiques et gravée par Alexandre Manceau, ami intime de George Sand qui écrivit chez lui les 620 pages de son roman « Elle et lui ».
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George Viau fit également don, avec quelques amis, d’un buste de Rodin signé Paul Paulin, un sculpteur portraitiste et dentiste, connu pour ses bustes de Degas, Rodin ou Guillaumin.
Donation à l’École dentaire de Paris
George Viau n’oublie pas l’École Dentaire de Paris qu’il a créé avec ses amis en 1880 et qui lui a permis d’accéder à sa renommée médicale. Viau avait retrouvé, en 1892, dans un recoin perdu de la bibliothèque de la Faculté de médecine de Paris, un manuscrit de Pierre Fauchard, grand précurseur de la dentisterie moderne. Ayant commandé, en 1922, une sculpture en bronze de Pierre Fauchard à son ami, le sculpteur-portraitiste et dentiste Paul Paulin, il en fit don à l’École dentaire de Paris (45 rue de la Tour d’Auvergne, dans le 9ème arrondissement).*
*actuellement dans la salle d’attente du service de soins dentaires de l’hôpital Bretonneau à Paris
Paulin était un confrère qu’il connaissait depuis 1888. George Viau en parle dans un article paru en 1913 dans le journal Æsculape : « Ce n’est pas, bien entendu comme critique d’art que je veux entretenir les lecteurs Æsculape eux même dire comme ami ; ayant suivi les progrès de son talent depuis l’année 1888. C’est en effet à cette période que l’excellent peintre Albert Lebourg nous présenta l’un à l’autre. »

Donation à L’Opéra Garnier de Paris
En janvier 1882, Auguste Renoir réalise le portrait de Richard Wagner. Ami de George Viau, le peintre offre à ce dernier une copie faite à partir de l’original et signée de sa main, en 1895.
Quelques années plus tard, le chirurgien-dentiste en fait don au Musée de l’Opéra de Paris.
