Plusieurs artistes, amis de George Viau, ont souhaité le fixer dans le temps pour rendre hommage à celui qui a tant fait pour les faire connaître en achetant leurs œuvres. Peintures, dessins, aquarelles, sculptures, toute la gamme de support a servi pour immortaliser cet homme amoureux des impressionnistes.
La plupart des artistes qui ont pris Viau comme modèle, étaient plus jeunes que lui et avaient lié avec ce mécène une véritable amitié durable. En effet, si Viau vénérait et collectionnait déjà les œuvres des peintres confirmés (Pissarro, Monet, Morisot, Degas, Delacroix, Corot, Manet, Cézanne, Gauguin ou Renoir), il avait choisi de mettre en avant ceux qui représentaient la seconde génération des impressionnistes. Une jeune garde dont le collectionneur avait su détecter très tôt le talent et la richesse de leur palette.
François Antoine Vizzanova était un photographe réputé dans les milieux artistiques de Paris. Devenir le modèle de ce spécialiste était un gage de notoriété.
Au fond à gauche de George Viau, on peut apercevoir un pastel de Degas « La danseuse espagnole » ou « La danseuse au tambourin ».
Il tient dans sa main gauche une sculpture en bronze de Drivier, « Baigneuse assise ».
À gauche de George Viau, un Renoir « Deux baigneuses dans un paysage » qui date de 1896. Derrière sa tête, un Daumier, « Deux sculpteurs ».
Deux artistes que Viau appréciait énormément et dont il possédera un grand nombre d’œuvres.
Sur le chiffonnier, une tête de Balzac, bronze de Rodin et dans sa main, « Baigneuse assise », bronze de Drivier.
À droite :
– une console supportant, notamment, un tirage en bronze, « Le désespoir » d’Auguste Rodin.
– Une cheminée de marbre blanc sur laquelle on peut voir : un vase à pot couvert, dans un trépied de bronze à tête de femme et un bronze représentant très probablement « L’éternel printemps » d’Auguste Rodin.
À gauche et de haut en bas :
– Un tableau d’Edgar Degas « Portrait de jeune femme ».
– Un tableau d’Edgar Degas « La danseuse espagnole » ou « La danseuse au tambourin ».
– Un tableau d’Edgar Degas « Monsieur de Valernes ».
– Un bas-relief en plâtre représentant « Les fugitifs » d’Honoré Daumier.
Tableau en bas à gauche, Renoir « deux baigneuses dans un paysage », une huile sur toile qui date de 1896. En bas à droite de Viau, une huile sur bois de Daumier, « Deux sculpteurs ».
En haut à gauche, un monotype repris au pastel de Degas « Femme à sa coiffure » et en haut à droite un autre Degas « Jeune femme ajustant ses gants dans un fauteuil ». Une huile sur toile datant de 1877. Viau pose la main droite sur une tête de Balzac, sculpture en bronze de Rodin.
Très ami avec Eugène Durenne, son cadet de 5 ans, Viau aimait parcourir la France en tandem avec lui. Comme le relate une lettre du peintre Georges D’Espagnat à Durenne datée du 21 février 1909, le collectionneur ne supportait pas d’être malade :
« Je viens de voir Viau qui se traîne dans sa chambre, sur son canapé ou dans son lit, une vie bien souffrante. Il n’arrive pas à se remettre de ses accidents. Mais quelle jeunesse d’esprit, comme la peinture continue à le passionner ! Peut-être le verrons nous un jour en tandem avec vous, sur les routes de France ! »
On aperçoit dans ce portrait daté de 1913, quelques tableaux. Derrière le fauteuil à gauche, un Degas « Mélancolie ». En haut à droite, un Renoir, « baigneuse lisant » et en dessous, un Corot, une vue de Rome. À côté du Corot, un Bouddha en bronze du XVIIème siècle.
En 1910, Eugène Durenne, l’ami de George Viau, fait poser le collectionneur dans son bureau du 109 boulevard Malesherbes. Si le Bouddha n’a pas changé de place, on s’aperçoit qu’entre ce portrait et celui du dessus, les tableaux accrochés sur le mur ont changé.
Eugène Durenne et ses amis aimaient venir chez Viau dans sa maison de Villennes, non loin de Paris. Ce dessin en couleur semble avoir été exécuté par Durenne, à l’insu de Viau, plongé dans sa lecture. Ce qui donne à cette œuvre une véritable spontanéité.
Un instantané pris par Durenne, qui montre Viau en pleine réflexion. Un croquis pris sur le vif qui vaut bien plus qu’un portrait officiel.
Encore un pastel de Durenne qui montre Viau en pleine décontraction. La lumière, les habits que porte le collectionneur semblent faire penser à l’été. Nous sommes dans la maison de Villennes où Viau allait souvent passer du temps pour se ressourcer. Il pouvait, en toute quiétude, travailler sur ses écrits professionnels, se plonger dans ses livres d’art ou tout simplement profiter du calme de la campagne, entouré de sa famille et de ses amis.
Ernest Laurent, grand ami de Viau a « croqué » le chirurgien-dentiste dans son bureau.
Il s’agit d’une première ébauche d’un tableau officiel. On voit là les premiers traits lancés. Le bras gauche de Viau n’a pas encore sa place définitive. Les crayonnés sont précis et les hachures bien placées. Mais on sent que le peintre hésite encore.
Ernest Laurent commence à donner à son oeuvre un petit côté officiel. Les traits s’affinent, le bras gauche semble trouver sa place. Le décor s’anime. Viau apparaît un peu plus réellement dans le cadre.
Le travail de Durenne est terminé. George Viau apparaît enfin et il sourit face au peintre. Sa main posée sur le meuble est ferme. Il semble décontracté, comme le montre son attitude assez désinvolte avec sa main droite dans sa poche. On aperçoit en bas à droite la peinture de Corot « Servante bernoise ou la suissesse de l’Oberland ».
Paul-César Helleu était un ami du collectionneur. Cette gravure est une remarquable interprétation de George Viau, réalisée en 1897. Viau a 42 ans. C’est en effet l’époque ou certains amateurs de peinture ont réellement découvert le talent de portraitiste du jeune artiste. Cette même année, il fera le portrait d’Alexis Rouart, que Viau avait rencontré chez Degas, quelques années plus tôt.
Plus tard, Helleu prendra Blanche, la fille cadette de Viau, comme modèle et offrira, en 1903, un portrait de sa femme Alice, à la fille aînée du collectionneur (qui porte le même prénom), pour son mariage avec Lucien Theuveny.
Les traits sont d’une grande pureté. Un dessin très réaliste et vivant qui démontre la grande maîtrise de ce peintre dessinateur hors pair. Le tableau, en haut à gauche (bien qu’inversé comme pour toute gravure), est un Degas » Portrait de jeune femme » réalisé en 1867 et aujourd’hui à Orsay.
Très belle représentation du collectionneur, signée du peintre d’origine Suisse Alfredo Müller, qui date de 1906. George Viau a alors 51 ans.
George Viau, assis dans un fauteuil feuillette un catalogue de peinture. Autour de lui, plusieurs oeuvres majeures faisant partie de sa collection. En bas à droite, la « danseuse rose » de Degas. Juste au-dessus, Daumier « L’amateur d’estampes ». Au-dessus encore, un Cézanne « Nature morte au compotier ». Sur la cheminée, un buste du compositeur Gluck réalisé par Houdon. A côté de Viau, par terre, des livres à même le sol, un carton rempli de dessins et une estampe représentant Pierre Fauchard, l’inventeur de la chirurgie dentaire moderne redécouvert par Viau.
Le tableau de Müller met en avant les mains très fines et allongées de Viau. cela tient tant à son métier qui demande une précision de tous les instants qu’à ses études assidues de piano qui affinent les doigts. Il avait, durant sa jeunesse à Saint-Pétersbourg, suivi des cours de piano auprès de César Cui, compositeur russe renommé, qui avait fait partie du « groupe des cinq » avec Borodine, Balakirev, Moussorgski et Rimski-Korsakov.
Le vicomte Jean de Rasty faisait partie du tout Paris. Ami de Toulouse Lautrec qu’il accompagnait souvent Au Moulin Rouge et ailleurs, il s’amusait parfois à le dessiner. Non sans un certain talent de caricaturiste. On lui doit ce dessin en couleur très intéressant. On voit trois personnages déambulant d’un même pas dans le Paris trépidant de la belle Époque, représenté par une jeune femme qui a l’air de courir et par un fiacre qui file à grande allure. Le personnage de gauche n’est autre que George Viau. Au centre, le docteur Tapié de Celeyran, cousin germain de Toulouse Lautrec et enfin le peintre qui tient un carnet de dessin à la main. Le dessin date de 1900. Viau a 45 ans, Toulouse Lautrec 36.
Cette scénette amusante et pleine de vie, montre que Viau et Toulouse-Lautrec se connaissaient bien et que le collectionneur n’hésitait pas, parfois, à suivre le peintre dans ses escapades nocturnes. Il se peut également que le chirurgien-dentiste et le docteur en médecine se fréquentaient.
Au dos du dessin, il est noté de la main de De Rasty :
« Mr Viau, collectionneur, le docteur Tapié de Celeyran (cousin de Toulouse Lautrec) et Mr de Toulouse Lautrec, tenant un carton à dessin à la main. Vers 1900« .
George Viau a cinquante ans lorsque Léon-Ernest Drivier, le sculpteur prometteur de vingt trois ans son cadet, lui propose de le faire poser. Drivier est encore apprenti chez le maître Louis-Ernest Barrias et n’accèdera à l’atelier de Rodin et de Camille Claudel que deux ans plus tard, en 1907. Ce bronze assez tourmentée mais d’un grand réalisme, montre un Viau très sérieux, représentant bien le grand ponte qu’il était devenu.
Vuillard était un peintre consciencieux. Surtout face à Viau qui était très pointilleux et curieux des avancées du travail de ses « poulains » (Vuillard avait treize ans de moins que le collectionneur). Cette ébauche très élaborée montre toute la concentration du praticien devant l’acte à accomplir. Yeux rivés sur son objectif, sourcils froncés mais en même temps faisant preuve d’une grande sérénité. On observe de la bienveillance dans son regard.
Après le portrait ébauché de George Viau, Vuillard s’attaque au positionnement du fauteuil dentaire et à la place prise par la tête de sa nièce (Annette Roussel est la fille de sa sœur Désirée et du peintre Ker-Roussel).
Comme on peut le voir plus bas sur le tableau terminé, toute la pièce respirait le modernisme. En effet, Viau possédait, outre des instruments de haute précision, le dernier cri du mobilier dentaire. Souvent acheté aux États-Unis, à la pointe dans ce domaine.
Un fauteuil « New Wilkerson » d’S.S.White. Cette dénomination nous est indiquée par la forme de la têtière et le bouton de réglage du dossier spécifique à ce modèle. Un crachoir fontaine. Une tablette en bois fixée sur un bras mural articulé. Un réflecteur buccal sur bras mural.
Une table roulante avec deux plateaux en opaline qui supportent un flacon en verre et deux poires à eau à proximité d’un récipient métallique.
Cette fois, l’œuvre est achevée. Tout le travail préparatoire a porté ses fruits. Le décor est planté. Les lumières délicates sont autant de projecteurs sur le travail minutieux entamé par le praticien. La jeune femme (Annette Roussel, nièce de Vuillard) ne semble pas effrayée.
Comme un grand nombre d’artistes, Vuillard et sa mère, se faisaient soigner par George Viau. Sur ce célèbre tableau exposé au Musée d’Orsay, Vuillard signera : « À mon cher ami Viau, bien affectueusement, E. Vuillard 1914 ».
À propos de cette toile, George Viau proposa de modifier un détail que l’artiste accepta avec empressement. « Mon cher ami, je retiens l’excellente impression de ce que vous m’avez montré l’autre jour. Et maintenant mon fils, à qui j’ai raconté ma visite, me dit que la blouse blanche que nous mettons pour notre travail pourrait sembler plus caractéristique ». L’artiste suivra son conseil avisé.
Viau soignera Vuillard pendant plus de trente ans, à partir de 1894. Ce dernier se rendra à l’enterrement de Cécile, la femme de Viau, en 1927.
Plaque commémorative en Hommage à George VIAU, pour le cinquantenaire de la société d’odontologie, Paris 1934.
Une récompense qui en dit long sur le travail accompli par George Viau durant toute sa vie au service du monde dentaire, que ce précurseur a aidé à bouleverser définitivement. La dentisterie d’aujourd’hui lui doit beaucoup.
Le peintre Albert André était un fidèle parmi les fidèles de George Viau. Il faisait partie de la jeune garde (André avait 14 ans de moins que Viau) que le collectionneur bichonnait affectueusement. Comme ses amis D’Espagnat, Durenne ou Vuillard, le jeune artiste venait souvent à Villennes et c’est tout naturellement qu’il a peint en 1900, la famille Viau sur la terrasse de la grande maison qui, juchée sur les hauteurs de Villennes, surplombait la vallée majestueuse de la Seine. George, debout lisant, est habillé en blanc, un canotier sur la tête. Face à lui, assis sur un banc, Louis (14 ans) est penché sur un livre. À côté de lui, installées sur un canapé de jardin, Alice, l’aînée (16 ans) et Blanche, la plus jeune (13 ans), sont en train de faire de la broderie.
Tout semble paisible en ce jour de printemps. Un tableau intimiste peint comme une photo souvenir, loin des tracas de la ville ou chacun, en silence, peut profiter du temps qui passe.
George Viau avait repéré le jeune artiste en 1891 au salon des refusés et, plus tard était resté très impressionné par son tableau « la gare de banlieue » peint en 1895. Après lui avoir acheté quelques toiles, Viau avait demandé à D’Espagnat de lui créer une fresque murale de 3 m sur 7 pour égayer le mur du salon dans sa propriété de Villennes. Le jeune peintre avait bien sûr accepté et, en 1897, il put déployer son immense panneau qu’il avait divisé en trois parties pour faciliter le transport.
La même année, le chirurgien-dentiste demandera à ce même D’Espagnat de lui créer une toile de 3,24 m sur 1,40 m pour son appartement du boulevard Haussmann. Un tableau qui sera intitulé “Femmes et enfants dans la terrasse du moulin de Beaulieu à Villennes-sur-Seine“.
Devenus amis, Viau acheta un grand nombre de toiles à son protégé. Grand fidèle de la famille Viau, c’est naturellement que D’Espagnat demanda à son mentor de faire son portrait.
sur cette toile difficile à dater (peut-être après la première guerre mondiale), Viau semble rêveur, perdu dans ses pensées. Il porte à la boutonnière le ruban de la légion d’honneur reçue en 1900.
Georges D’Espagnat, grand ami de George Viau a demandé à ce dernier de poser dans son bureau du 109 boulevard Malesherbes. Il s’agit d’un second portrait du collectionneur. Même pose, même regard, même ambiance. Pourquoi un second tableau ? Peut-être que Viau voulait en faire profiter un membre de sa famille ? ou un ami ? Le visage du chirurgien-dentiste est grave et sérieux. Comme s’il souhaitait se montrer sous un air professoral. Il porte bien sûr à la boutonnière le ruban de la légion d’honneur reçue en 1900.
Albert André, grand ami de George Viau, allait souvent dans la propriété de Villennes. C’est à cette occasion qu’il a demandé à son mentor de poser pour lui. Hélas, les deux huiles sur toile réalisées par le peintre ont disparu et nous ne savons pas aujourd’hui qui les détient. Présentes lors de l’inventaire de 1940 rue d’Artois, (atelier de George Viau), réalisé à la mort du collectionneur, ces œuvres n’ont jamais été présentées dans les ventes posthumes de 1942-1949.
Site officiel des descendants de George Viau – Qui sommes-nous ?
Conception du site Franck Brusselle – Designer Brocanteur